Qu'est-ce qu'un bilan carbone ?
Qu’est-ce qu’un bilan carbone ?
Un bilan carbone, appelé également “bilan d’émissions de gaz à effet de serre”, est un outil qui permet d’analyser les postes les plus émetteurs de gaz à effet de serre dans un événement ou un projet. Il est aussi possible de faire un bilan carbone pour un logement, une entreprise, voire une personne. En analysant une consommation énergétique, nous pouvons quantifier et évaluer les points les plus émetteurs et possiblement agir en conséquence.
Dans un premier temps, il s’agit de collecter des données concernant la consommation d’énergie (en électricité et carburant notamment). Ces données recensées, il s’agit ensuite de calculer les émissions réelles, c’est-à dire de calculer quelles sont les émissions concrètes de chacun des points énergivores. Les quantités sont généralement converties en émissions équivalentes en CO2 ou en autres gaz à effet de serre.
Vient alors le moment de classifier ces émissions selon leur origine. Généralement, ces émissions sont classifiées en trois scopes : les émissions directes (liées directement avec les activités), les émissions indirectes (émissions induites par les consommations énergétiques), et les émissions indirectes liées à d’autres activités (déplacements professionnels, chaînes d’approvisionnement..).
Grâce à ces données, il est possible d’éditer un rapport et d’analyser ces résultats, afin de mettre en évidence les postes d’émission et de réfléchir en conséquences aux points d’amélioration.
Le cas des festivals
Alors que les festivals font partie des acteurs les plus engagés en faveur du respect de l’environnement, ils sont paradoxalement parmi les plus grands consommateurs d’énergie. En effet, entre les déplacements des festivaliers, les scènes, la production des déchets alimentaires et sanitaires, les points d’analyse sont nombreux.
Le Site de la Communication Responsable, géré par le Ministre de la Transition écologique, propose une série d’outils pour évaluer cet impact au moyen d’un bilan carbone. L’ADERE, par exemple, propose de réaliser un auto diagnostic.
Ainsi, les festivals agissent. Les Pluies de Juillet, festival engagé dès leurs premières heures et faisant de l’écologie un combat permanent, ont justement fait un bilan carbone en 2021. Discutant également avec le festival ERVA, nous voyons que les déplacements des festivaliers est un point crucial, étant l’un des plus consommateurs en énergie.
Plus récemment, le Cabaret Vert, parmi les plus grands événements français et se déclarant “éco-responsable” depuis ses débuts en 2005, commente dans un communiqué ses actions : “Après avoir fixé en 2019 une feuille de route établissant 12 actions et objectifs ambitieux à respecter d’ici 2025, puis complété dès 2022 nos engagements RSE d’une stratégie bas carbone, nous avons entamé entre juillet 2022 et juin 2023 la première étape de la transformation du festival par un ensemble d’actions et d’expérimentations en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de nos activités.” En 2023, le festival réalise un bilan carbone, ce qui leur permet de constater la réussite de leurs efforts, mais aussi de définir de nouveaux objectifs et de redéfinir leur trajectoire.
Quelles actions les festivals peuvent-ils entreprendre ?
La réalisation d’un bilan carbone permet à chaque festival, à chaque événement, et de manière générale à chaque projet, de prendre des décisions adaptées à sa configuration.
Alors que le déplacement des festivaliers fait partie des points les plus importants à gérer, la mise en place de navettes ou de partenariats avec les réseaux de transports semble être presque indispensable. Ainsi, le Cabaret Vert de Charleville-Mézières propose des trains à 1€ vers Paris et la région Grand-Est. Les Pluies de Juillet vont plus loin et ont “lancé un "challenge" vélo, organisé le déplacement de festivaliers depuis Paris, Rennes ou Caen à vélo”. La plupart des événements nationaux, à l’image de Musilac ou d’ERVA, proposent des navettes depuis des points stratégiques, des solutions de covoiturage.
Un point intéressant à réfléchir est la thématique du camping : dormir sur place permet de limiter drastiquement le nombre d’aller retours entre le logement et le festival, en plus d’assurer la sécurité des festivaliers. Cependant, il s’agit d’un autre point énergivore, sachant la production des déchets alimentaires et d’énergie, notamment d’éclairage du site.
La production de déchets, justement, est également un point compliqué. Rock en Seine propose une vaisselle intégralement compostable. La Nuit de l’Erdre met également à disposition des points de compost pour les festivaliers. Enfin, la plupart des événements proposent une offre alimentaire dite de “circuit court”, c’est-à-dire en mobilisant des producteurs locaux. Pour éviter les déchets et assurer la sécurité notamment en cas de canicule, ils invitent également les festivaliers à amener leur propre gourde d’eau (souvent, le contenant est limité à 750 ml pour des questions de sécurité).
Concernant la consommation d’électricité, Musilac et les Pluies de Juillet ont pris la décision dès 2023 de se raccorder au réseau électrique de leur ville, évitant ainsi la mobilisation de groupes électrogènes. De son côté, We Love Green travaille avec Engie pour “utiliser des générateurs alimentés par des biocarburants et des dispositifs solaires”.
D’autres points, propres à chaque événement, peuvent également être analysés et améliorés. Le bilan carbone est donc un facteur essentiel pour connaitre concrètement les points d’amélioration, mais aussi pour assurer le bon déroulement des actions écologiques mises en place.