La peintre et poétesse libanaise Etel Adnan disait « écrire c’est dessiner ». L’écrivaine Annie Ernaux, comme l’essayiste Susan Sontag, racontait pratiquer « une écriture photographique ». Des autrices ont écrit la couleur : Louise Browaeys le vert, Maggie Nelson le bleu, par exemple. L’écriture a ses doubles : la peinture, la sculpture, la photographie, la couleur aussi. Écritures et arts visuels se nourrissent les unes des autres, les liens entre elles sont foisonnants. Dans ce cycle d’ateliers d’écriture, Maaï Youssef vous propose de mettre au service de l’écriture les inspirations, les outils et les techniques développés par les artistes visuels et par les auteurices à s’être intéressé.x.s à elleux. Inscrit dans une perspective féministe et décoloniale, ces ateliers ont pour ambition de renforcer notre connaissance d’artistes minorisé.x.es, trop longtemps laissé.x.es dans l’ombre.

 

Que fait la couleur bleue à l’écriture ? Dans Bleuets, l’essayiste Maggie Nelson écrit : « Je suis donc tombée amoureuse d'une couleur ‒ la couleur bleue, en l'occurrence ‒ comme on tombe dans les rets d'un sortilège (…) ». De quoi est fait ce sortilège ? Dans cet atelier, nous étudierons le bleu dans tous ces états - bleu du ciel, de la piscine, des océans, mais aussi des ténèbres et des ombres – afin de comprendre ce qu’il représente de nous.

 

La peinture a ses propres règles de représentation du monde. On parle à son sujet de composition, de point de fuite, de perspective, de premier ou encore de second plan. Il y est question de verticalité, d’horizontalité, mais aussi de textures et d’un duel entre le clair et l’obscur. Comment construirions-nous nos narrations si nous nous basions sur ces mêmes éléments ? Dans cet atelier, Maaï Youssef vous propose de regarder votre écriture avec les yeux d’un.e peintre, afin d’y décéler de nouvelles manières de se dire.

 

Dans le langage des auteurices, le noir est souvent associé aux coulisses de l’écriture. Annie Ernaux, par exemple, parle de son atelier noir et le décrit comme « « l’autre côté » de [s]es écrits publiés ». Dans cet atelier, nous puiserons parmi les secrets de fabrication des artistes et des auteurices, dans leurs esquisses et leurs journaux de création, pour chercher à débusquer dans nos écritures ce que nous n’osons pas mettre au jour.

 

Que disent les trajectoires et les créations des sculptrices de notre monde ? Camille Claudel, Niki de Saint Phalle, Louise Bourgeois ou encore Kirsten Justesen et Ana Mendieta, nombreuses sont les artistes plasticiennes qui en s’emparant de la matière semblent s’être également emparées de la subversion. Dans cet atelier, nous prendrons appui sur leur refus des normes pour réfléchir à ce qui nous entrave.

 

Dans Chroma, un livre de couleurs, l’artiste queer Derek Jarman écrit : « Le rouge se protège. Aucune couleur n’est aussi territoriale ». Chez les scribes de l’Égypte antique, l’encre rouge, était celle choisie pour les mots de mauvais augure. Dans nos représentations contemporaines, le rouge est tout autant la couleur de l’amour que de la violence. En prenant appui sur cette couleur insondable, nous poserons, dans cet atelier, la question des ambivalences et des contradictions dans l’écriture.

 

Dans son essai Sur la photographie, l’essayiste Susan Sontag décrit la photographie comme des fragments, dont la perception varie en fonction du contexte. Son sens ne serait jamais garanti. La photographie produit des clichés, autant que de nouveaux points de vue. Elle est omniprésente dans nos vies, sans que nous ayons été pour autant éduqué.x.es à la regarder. La photographie contemporaine est traversée par une quête d’expression de soi. Les photographes cherchent des moyens de faire tenir ensemble le « je » et le monde, nous ferons de même.