Le Frac Sud invite l’artiste Éléonore False à déployer dans ses murs un ensemble d’œuvres récentes témoignant de ses recherches protéiformes autour des régimes d’existence et de coexistence des images, et de la construction des stéréotypes.
Par sa double formation aux Beaux-Arts et en Arts appliqués dans le champ du textile, Éléonore False développe un répertoire de formes variées, où le croisement des techniques et des mediums lui permet de révéler la « trame » de l’image et, à travers celle-ci, sa polysémie et ses ambigüités.
Le Fil de chaîne, titre de l’exposition emprunté au vocabulaire technique de la fabrication du tissu, nous renvoie à la chaîne, qui croisée au fil de trame, permet la réalisation d’un tissu. Fil et Chaîne symbolisent également un assemblage de termes qui semblent s’opposer.
Des séries d’œuvres témoignant des différents champs de recherche de l’artiste viendront dialoguer dans une installation avec de toutes nouvelles productions. Ces dernières prendront notamment la forme de tapisseries Chevelures et de sculptures-objets Tulipes, jouant sur l’échelle du corps humain et mettant en scène des objets issus du quotidien. De grandes impressions photographiques issues d’une recherche menée par l’artiste en 2024 autour du fonds de poupées de Gisèle Tissier-Grandpierre des collections du Nouveau Musée National de Monaco, viendront enrichir ces ensembles.
Éléonore False s’attache à rendre visible la complexité de la matière vivante par un changement d’échelle ou par un processus créatif complexe de manipulation des images. Elle collecte, photographie, scanne, imprime, contrecolle, assemble, tisse,coud, modèle, cuit, transpose et réinterprète les couleurs et les textures par un jeu savant sur les matériaux et les formats. Une alchimie des formes où éclate la force de l’imaginaire, produisant des objets et installations résistant à toute tentative de simplification et d’uniformisation. En déjouant la planéité de l’image, en inversant l’endroit et l’envers des choses, elle nous pousse à remettre en question ce qu’on croit voir et savoir. Rompue à l’art de la métamorphose, il s’agit d’aller au-delà des apparences et de toucher à l’ambivalence et la complexité du vivant, tout en révélant les entreprises de hiérarchisations sociales et artistiques de ses artefacts. S’affranchir de ces ethno-types sur lesquels nous nous sommes construits : les arts décoratifs versus les beaux-arts, l’ornement versus le geste créatif supérieur, un art féminin versus un art masculin. Des chrysalides proposées par Éléonore False émerge un ordre nouveau reposant sur une révolution du regard.
La première monographie consacrée à l’œuvre d’Éléonore False par la maison d’édition Empire, à paraître à l’automne 2024, accompagnera l’exposition. Coéditée avec le Frac Sud et Le Nouveau Musée National de Monaco, le Mrac Occitanie et l’ADAGP.
2 - Exposition collective de la collection du Frac Sud "Ce que pense la main”
Le Frac Sud bouscule en 2025 la logique de ses plateaux d’exposition pour dédier son espace principal à un grand projet autour des œuvres de sa collection explorant le geste de l’artiste et les relations qu’entretient l’art avec l’artisanat. Il s’agit pour le Frac Sud à travers ce déploiement d’un ensemble important d’œuvres dans ses murs, de lire ou relire l’histoire de sa collection à travers le prisme du rapport de l’artiste à la main et le répertoire de gestes singuliers qu’instaurent ces créations.
Imaginé en deux temps répartis sur l’année avec un second volet à l’automne, l’exposition Ce que pense la main présentera des œuvres emblématiques d’artistes au parcours international en regard d’œuvres de plus jeunes artistes récemment entrés dans la collection, témoignant de l’actualité et de la résurgence très forte de ce questionnement dans les pratiques artistiques contemporaines. Si étymologiquement, le mot « art » renvoie d’abord à l’idée d’un savoir-faire (pour les Grecs, l’art était d’abord une tekhnè - une technique), on a longtemps différencié voire opposé les beaux arts et les arts décoratifs.
Les œuvres proposées ici permettront aux publics de mesurer la porosité entre ces domaines artistiques et de constater la libre circulation des gestes et des expressions. Les techniques de travail des matières utilisées par les artisans inspirent de nouvelles formes aux artistes plasticiens et inversement la manière dont ces derniers emploient, poussent et détournent ces techniques et matières nourrissent les formes d’artisanat et de design (dans leur vocation utilitaire).
Ces oeuvres dialogueront dans un accrochage archipel autour de plusieurs thématiques. Ainsi le rapport à la nature, la prise en compte de l’espace et de l’architecture, les notions d’hybridation, de patchwork ou de recyclage y compris dans leurs acceptions sociales et politiques constitueront autant d’entrées pour découvrir cette exposition. Ce projet du Frac Sud rendra hommage également au projet de l’architecte de son bâtiment Kengo Kuma et à son geste origamique avec des panneaux de verre conçus et exécutés par des artisans avec l’ambition de faire image dans la ville.