Que savons-nous aujourd’hui de l’ancienneté de la domination masculine ? Représente-t-elle un phénomène relativement récent, lié à certaines transformations économiques et techniques identifiées, telles que l’agriculture ou l’essor des inégalités de richesse ? Ou constitue-t-elle au contraire un héritage si ancien qu’il pourrait remonter à nos ancêtres primates ? Cette question, sur laquelle divers points de vue s’affrontent depuis des décennies, connaît de nos jours un intérêt renouvelé en raison de l’écho qu’elle rencontre autour des luttes féministes contemporaines.
On se propose ici d’inventorier et l’ensemble des indices que nous livrent l’éthologie, l’archéologie, l’ethnologie ou encore la mythologie, pour les évaluer et tenter de faire la part entre les différentes hypothèses. Même si bien des questions restent sans réponse assurée, on verra notamment que la thèse d’un « matriarcat primitif », quelle que soit sa variante, ne sort pas indemne d’un tel examen.