Une hypothèse peut engager une réflexion sur l’émergence de la notion de parcours dans le travail social : l’individualisation des trajectoires sociales des personnes accompagnées ne signifie-t-elle pas le report de la responsabilité du dispositif d’intervention vers la personne vulnérable ?
D’autant que ce « nouveau » référentiel des pratiques d’accompagnement s’inscrit dans un paysage déjà occupé par les notions de désinstitutionalisation, d’empowerment, d’auto-détermination, de transformation de l’offre médico-sociale, d’une évaluation de plus en plus standardisée, d’un formatage des financements (Cf. serafin-ph), etc.
Comment alors s’approprier ce projet d’accompagner les parcours de vie des usagers sans tomber dans la trappe de cette rationalité instrumentale qui laisse croire que le parcours est le chemin le plus court du problème à sa solution ?
Revenir pour cela aux fondamentaux du travail social ne représente aucunement une régression nostalgique vers un passé qui ne devient vertueux que par la perte de mémoire que cela suppose. Il s’agirait plutôt d’ouvrir des voies d’avenir qui prolongent les intuitions fondatrices conférant une nouvelle actualité aux pratiques à développer dans un contexte de crises permanentes et d’incertitude sur l’avenir.
L’accompagnement de parcours serait alors cette capacité à faire avec les aléas qui caractérisent la vie des personnes usagères des services sociaux et des établissements et services sociaux et médico-sociaux. Il s’agirait alors de conjuguer cette pratique en associant les dimensions individuelles et collectives, en développant le pouvoir d’agir réciproque des intervenants et des bénéficiaires, en créant les conditions organisationnelles d’un véritable « faire ensemble ».
Bref, relever le défi consisterait à ne pas laisser les pratiques se vider de leur dimension politique.
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Roland JANVIER est chercheur en sciences sociales, titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication obtenu en 2008 et d’une habilitation à diriger des recherches(HDR) soutenue en 2021. Titulaire d’un diplôme d’Assistant de service social, il a travaillé dans l’animation d’adolescents. Titulaire du Certificat d’Aptitude à la Fonction de Directeur d’Établissement Social (Cafdes), il a dirigé des établissements sociaux et médico-sociaux, puis occupé des fonctions de directeur général.
Il intervient régulièrement dans des formations de travailleurs sociaux et de cadres, des universités et divers colloques. Ses travaux portent sur le droit des usagers dans le secteur social et médico-social, l’évaluation sociale et médico-sociale, la fonction de direction dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, l’analyse organisationnelle, l’éthique et le travail social.
Bibliographie succincte :
