Pascal Chabot est philosophe et enseigne à l’IHECS. Spécialiste de l’œuvre de Gilbert Simondon, il interroge dans ses essais toujours stimulants la notion de progrès et ses conséquences sur l’individu contemporain. Ses derniers livres sont « Exister, résister. Ce qui dépend de nous », un essai qui ouvre des portes pour tenter d’humaniser le triomphe des ultraforces que sont la finance, le numérique et l’hypertechnologie, et une pièce de théâtre, « L’homme qui voulait acheter le langage », tous deux parus aux Presses Universitaires de France.
Réflexions sur le progrès
Notre rapport au progrès est ambigu, problématique, et face à lui nous sommes perplexes, déroutés. Peu d’époque ont connu des changements si profonds et rapides dans leurs modes de vie et leurs mentalités, mais peu d’époques également se sont autant interrogées sur la nature de ces changements : S’agit-il d’améliorations épatantes ? De création d’un nouvel être au monde ? De saccage méthodique de la planète au nom du profit ? Un peu de tout cela, probablement. Or, plutôt que d’en rester au constat, et d’être pour ainsi dire les enregistreurs passifs de changements qui nous dépassent, il doit s’agir pour nous de créer un nouvel imaginaire du progrès, au centre duquel sont les relations interhumaines et interespèces. C’est à ce prix que le vieux nom de « progrès » pourra peut-être être relié à l’idéal d’une transition soutenable.