"Un pianiste aussi lyrique qu'élégant, à la tête d'un superbe trio !" DISQUE DU JOUR - Entrée en playlist - TSF JAZZ
"Murat Öztürk nous offre une musique qui nous guérit du brouhaha, du chaos et de la folie du monde" . Jean-Claude Vantroyen - LE SOIR
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C'est votre retour au trio, après deux albums aux formations plus imposantes. On est plus à l'aise quand on est moins nombreux?
Sur le précédent album, Dün, on était sept, avec un gros travail d'arrangements et d'orchestration. Pour cet album, j'avais envie de revenir à quelque chose de plus concentré, dans tous les sens du terme : peu d'instruments, une musique épurée, bref, aller à l'essentiel. C'était véritablement un album d'introspection, favorisé, c'est certain, par le contexte.
L'intimité passe aussi par le triangle d'amis dont vous vous êtes entouré…
Absolument. C'est important de bien choisir ses musiciens, ce sont eux qui vont t'accompagner, te soutenir, faire vivre la musique, donc humainement, il faut qu'il se passe des choses. L'humain est extrêmement important dans ce genre de réalisation à plusieurs, et dans le cas de Thomas et Franck, l'alchimie s'est faite. À partir de là, tout est possible.
L'album a un vrai sens de la narration, avec dix morceaux qui se succèdent comme des petites histoires liées l'une à l'autre…
C'est quelque chose qui, je crois, revient souvent dans ma musique. Il y a quelque chose qui est lié à l'image dans ce que j'écris, c'est un rapport à ma musique qui a toujours été présent chez moi. Dans Aïna, j'ai voulu raconter une histoire, je ne sais pas vraiment ce qu'elle raconte, mais je crois que chacun peut trouver la sienne. Par ailleurs, on a enregistré plus de titres, ceux qui ne figurent pas sur l'album étant justement ceux qui ne collaient pas à l'histoire générale, à la cohérence de l'album. L'idée était vraiment d'être authentique, d'aller au fond du sentiment, d'opérer un retour à moi-même.
Dün, qui explorait la musique turque, était une forme de retour à soi par les origines. Aïna offre un voyage très différent…
J'ai des origines turques par mon père et italiennes par ma mère, j'ai grandi en France, donc j'ai été baigné par plusieurs influences. Pour Dün, j'ai eu envie de creuser la musique turque, que j'écoute depuis gamin mais que je n'avais jamais jouée. C'était autant une façon de revenir à moi-même qu'une sorte d'exercice de style, mais dans lequel je n'exprimais qu'une partie de mon identité. Il y a plusieurs chemins pour venir à soi, Dün en était un, qui avait à voir avec les origines, les parents. Aïna est encore plus proche de moi, simplement parce que je me suis mis au piano et j'ai écrit ce que je ressentais, sans me poser de questions. "Ayna", en turc, c'est le miroir : c'est quelque chose qui ne triche pas.
Propos recueilli par Valentin Maniglia