En 1995, le commissariat général au plan rendait public un rapport intitulé « le travail dans 20 ans » rédigé sous l’autorité de l’économiste Jean Boissonnat.

Il s’ouvrait par un avant-propos d’une étonnante actualité : « le débat français porte trop souvent sur les instruments et pas assez sur les finalités. En matière d’emploi notamment. Nous discutons longuement pour savoir s’il faut ou non alléger le coût du travail, réduire ou non la durée du travail, rendre citoyennes les entreprises ; mais nous esquivons le plus souvent les questions fondamentales : peut-on revenir au plein emploi, et à quel type de plein emploi ou faut-il admettre qu’il n’y a pas de travail rémunéré pour tout le monde et s’adapter à cette situation nouvelle ? Que rôle jouera le travail demain pour répartir la richesse, pour procurer le revenu, pour permettre l’épanouissement de chacun d’entre nous ? »

En effet, même si depuis lors notre pays/société ont traversé de nombreuses crises : économique (subprimes…), sanitaire (COVID…), politique (gilets jaunes), diplomatique (nombreux conflits), et se trouvent depuis plusieurs années traversés par de profondes transformations dont les effets s’accentuent : dérèglement climatique, vieillissement de la population, mutations technologiques (TIC, IA…), mondialisation (concurrence des pays à bas coût) – les interrogations soulevées en 1995 demeurent.

Dans ce contexte, sans ambitionner d’actualiser les travaux du commissariat général du Plan, il est tentant, plus de 20 ans après, de se réinterroger sur ce que sera le « travail dans 20 ans » : la notion de travail/activité, comment travaillera-t-on ? Quelle place occupera le travail ? Tout le monde pourra-t-il travailler ? Quel sera le rôle des entreprises ? Quel sera le rôle des partenaires sociaux ?