Tout commence devant MTV. Après le collège, Poppy Fusée, ou Pauline à la ville, rentre chez elle, et se rue devant les clips qui passent à la télé. Elle passe des heures à apprendre les paroles des chansons qu’elle voit défiler sur l’écran. C’est simple, elle baigne dans la Pop culture, celle de Britney Spears et de Shania Twain. Plus tard lui parviennent les influences de son père, entre Lou Reed et Léonard Cohen. Pourtant, elle n’ose pas s’imaginer chanteuse. Pas tout de suite, en tout cas, du fait de sa voix rauque, inhabituelle pour un poupon aux joues roses et aux cheveux blonds. Il faut attendre l’arrivée à l’âge adulte pour que la révélation se fasse.
Sa place, Poppy Fusée semble commencer à la toucher du doigt avec « Better Place », son premier album, sorti en 2024. L’artiste revient à la langue anglaise : « En français j’écris avec mon cerveau, en anglais j’écris avec mon âme ». Better Place est donc une œuvre qui vient du cœur, là où les sentiments humains se font et se défont sans que nos raisons puissent exercer le moindre contrôle. « Better Place » est à l’image de nos émotions : des montagnes russes qui ne cessent de monter et descendre jusqu’à ce que l’on accepte de lâcher prise.
Expérimentale, intuitive, féministe, la pop de Joye opère comme un puissant sortilège électronique, un rituel de soin et d’émancipation.
« Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent » dit le slogan féministe dont Joye semble avoir fait son mantra. À 26 ans, la musicienne s’affirme au cœur d’un univers singulier aux airs de sabbat libérateur, au-dessus duquel planent les esprits de Sevdaliza, FKA Twigs, Björk, Eartheater, M83 ou encore Fred Again. Maniant textures synthétiques, poésie claire-obscure et expérimentations électroniques avec maturité, Joye fait de sa musique un outil de soin et d’empowerment pour elle-même comme pour les autres.