Motets de Charpentier, Lully & Lorenzani
Emma Barton-Smith: soprano
Leïla Attigui: mezzo-soprano
Charlène Bertholet: orgue
Clémence Schiltz: viole de gambe
Jasper Bärtling-Lippina: théorbe
& l’Ensemble Vocal Aziliz
Judith Sepulchre: direction artistique, soprano
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Marc-Antoine CHARPENTIER: Motet de la Vierge, H.322
Jean-Baptiste LULLY “Petits motets”:
• Laudate pueri Dominum
• Anima ChristI
• Dixit Dominus
Marc-Antoine CHARPENTIER: Stabat Mater pour des religieuses
Jean-Baptiste LULLY “Petits motets”
• O dulcissime Domine
• Domine salvum fac regem
Paolo LORENZANI: O quam suavis est
Marc-Antoine CHARPENTIER: Alma redemptoris Mater, H.21
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D’origine italienne, Jean-Baptiste Lully maintient un véritable monopole sur l’ensemble de la vie musicale française à l’époque de Louis XIV. Il a grandement contribué à l’essor de l’opéra en France et mis en musique plusieurs ballets des comédies de Molière, notamment "Le bourgeois gentilhomme". Préférant la sobriété du chant français au goût italien pour les vocalises qu’il avait en horreur, il est à l’origine d’un style qui concilie variété et grandeur, majesté et grâce. Ironiquement, ses petits motets sont composés dans un style italianisant et fortement inspirés du style du grand compositeur italien Giacomo Carissimi.
C’est auprès de ce dernier que Marc-Antoine Charpentier, d’origine française, fait ses études de musique à Rome. Il gardera, toute sa vie, une forte influence du style italien dans ses compositions.
En 1688, il est employé par les Jésuites à Paris et compose la majeure partie de son oeuvre sacrée. En 1698, il devient maître de musique à la Sainte-Chapelle du Palais, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1704.
Paolo Francesco Lorenzani, antagoniste de Lully, est lui aussi d’origine italienne mais, alors qu'il vivait en France, a contribué à faire apprécier le style musical italien. Il se rend à Paris en 1678 dans l'espoir de faire fortune. Ses motets sont joués devant Louis XIV, qui reconnaît son talent et le nomme maître de musique de la Reine. Sous les ordres du Roi, Lorenzani retourne en Italie et recrute des chanteurs pour la chapelle du monarque. Mais à la mort de la Reine, tous ses efforts pour s’intégrer à Versailles sont rendus vains par Lully qui contrôle la scène musicale française et le force à quitter le palais. Il quitte Versailles et s’installe à Paris où il obtient un poste de maître de musique au Monastère des Théatines où il dirige sa propre musique en présence d'aristocrates italophiles.
Après la composition de Grands et Petits Motets dédiés au Roi en 1693 dans un dernier espoir de se voir promouvoir, il finit par retourner à Rome en 1695.
C’est cette ambiguité franco-italienne que nous avons choisi de mettre à l’honneur au travers de ce programme de motets, dont le style de composition, bien qu’italianisant, met en lumière des textes latins qui, par respect de la pratique historique, seront prononcés à la mode française du XVIIe.
Ainsi, pour “Domine salvum fac regem”, vous entendrez “Dominé salvom fac réjèm”, ou encore “Alma rédimptoris Matèr” (prononcer la nasale comme en français) pour “Alma redemptoris Mater”.