Quelques relectures du temps choisit la sonate pour violon et violoncelle de Maurice Ravel comme une origine possible d’une écriture de notre temps. Écrite en 1920 à la mémoire de Debussy disparu deux ans auparavant, elle fut à son époque critiquée pour ses dissonances, ses étrangetés, raison pour laquelle probablement elle n’a cessé de fasciner, et ne cesse de fasciner encore, les auditeurs aventureux : 
 

« La sonate pour violon et violoncelle date de 1920. Époque à laquelle je m’installais à Montfort l’Amaury. Je crois que cette sonate marque un tournant dans l’évolution de ma carrière. Le dépouillement y est poussé à l’extrême. Renoncement au charme harmonique ; réaction de plus en plus marquée dans le sens de la mélodie » 

            Esquisse autobiographique, texte dicté par Ravel à Rolland-Manuel en 1928

 

Quelques relectures du temps est un voyage à travers le temps musical et ses formes multiples, une échappée hors des contraintes du temps quotidien, la découverte d’un univers de contemplation sonore et d'exploration des timbres du trio à cordes.  
 

À la sonate pour violon et violoncelle de Ravel et ses attirances pour la mélodie, répond, près d’un siècle plus tard, le trio Noir grisde Jérôme Combier, empreint de contrepoints enchevêtrés qui confèrent à cette musique un lyrisme sombre et fascinant. Le trio de Bastien David (né en 1990), Poésie Minérale, plonge l’auditeur dans des abstractions fabuleuses, explorant des modes de vibrations, de tremblements d’un son et ses transformations en bruits multiples (frottements, cliquetis) ; alors que Hauch II de Rebecca Saunders écrit pour alto seul convoque tout un monde de nuances et de suspensions. Al di là del bianco de Clara Iannotta propose l’exploration de sons fragiles plongés au bord d’un temps suspendu, à la limite du silence. 
 

Quelques relectures du temps est une expérience sonore où l’inouï rejoint la fascination pour le son, où la perception se perd dans les méandres du temps musical où virtuosité dialogue avec sensibilité.