Les frères dans la pop, c’est une histoire aussi vieille que la pop elle-même : Brian, Dennis et Carl Wilson (The Beach Boys), Ray et Dave Davies (The Kinks), John et Tom Fogerty (Creedence Clearwater Revival), Neill et Tim Finn (Crowded House), Michael et John Head (The Pale Fountains, Shack), sans oublier les nombreux faux-frères amis/ennemis à la Lennon/McCartney (The Beatles) ou Morrissey/Johnny Marr (The Smiths). Vous aurez remarqué qu’il en manque au moins deux dans la liste, Liam et Noel Gallagher (Oasis). Cet oubli n’en est pas un car on n’imagine pas Guillaume (guitare, chant) et Bertrand (basse,choeurs) défrayer un jour la chronique de leurs frasques fratricides, comme les deux hâbleurs de Manchester…
Guillaume et Bertrand Charret, ce sont Yules : Une histoire de famille, d’amour fraternel, de filiation (la discothèque parentale comme source d’inspiration originelle).
Yules, qu’on prononce plutôt «youless», cette sonorité un peu hispanisante est une fausse piste malicieuse. Sans jamais virer au vilain esprit de chapelle musicale, l’univers de Yules est d’abord anglo-saxon et fait la part très belle à ce que les deux rives de l’Atlantique ont pu produire de plus inspiré en matière de songwriting : Leonard Cohen, Paul McCartney, Bob Dylan, Joni Mitchell…
Autre différence majeure avec les frères Gallagher, Guillaume et Bertrand seraient terriblement gênés qu’on en fasse les égaux de leurs prestigieux aînés. Et pourtant, à l’écoute de leurs albums, comment ne pas considérer que leur finesse d’écriture leur en fait prendre le chemin ?
Leur premier album sort en 2007, "The Release" est salué par la critique (Télérama, Les Inrockuptibles, Xroads) et sera suivi en 2010 par "Strike a Balance" puis en 2014 par "I’m Your Man… Naked" (album concept de recréation de l’oeuvre de Leonard Cohen).
Aujourd’hui, Yules renoue avec l’électricité et les textures aériennes, sans pour autant délaisser l’orfèvrerie pop qui leur est chère.
Cyril Cossardeaux